LES SAISONS DE LA MALADIE

Ce texte m'a été envoyé par Laurent, je vous invite à le lire en pensant à nos 2 grands malades : Thérèse et Laurent. CJ

Ces dernières années, les mois se sont succédés, enveloppés de nuages de maladie. Les étapes de la maladie sont comme les saisons : elles se suivent, chacune permettant un pas sur le chemin de la Guérison.

L’ÉTÉ
Saison de l’activité, du
mouvement
et de l’énergie.
On veut en profiter au
maximum.
À l’été de ma vie,
J’étais actif, plein de projets.
Il n’y avait jamais assez
d’heures
dans la journée.
Entre la maison, le boulot et
Vingt-cinq autres activités,
Je prenais mon souffle
en gardant ce sourire
de ceux qui veulent
être présents à tous.

Mais l’été, c’est aussi la saison
des pluies torrentielles
et des ouragans.
C’est ainsi que l’ouragan
de la maladie
m’a terrassé…
sans aucun avertissement.
Un gros coup de foudre
dans ma vie..
Je me sentais en santé;
pourtant, la maladie
avait silencieusement
fait son nid en moi.
J’ai tremblé, mon cœur
a eu des ratés.
Ce fut le choc, la bascule,
le coup de barre qui étouffe,
qui coupe tout.
Je suis entré
dans l’automne de la maladie.

L'AUTOMNE
Saison des journées
qui raccourcissent,
des feuilles multicolores
qui tombent.
La nature se prépare
pour le froid
et les intempéries.
À l'automne de ma maladie,
j'ai senti que la vie continuait
autour de moi
et j'ai eu peur qu'elle me file
entre les dougts.
J'ai eu peur de mourir:
"Non, c'est pas vrai,
ça ne se peut pas,
c'est un mauvais rêve."
Mes poings se sont serrés,
mes mâchoires aussi.
Mes yeux se sont fermés,
mes mains aussi.
J'ai crié, j'ai hurlé:
"Je suis malade. J'ai mal.
J'ai peur."
Beaucoup de larmes
sont restées bloquées en dedans.
"Pourquoi moi ?"
"Pourquoi moi encore ? "

Comme les feuilles qui tombent,
je sentais tous mes projets,
tous mes rêves s'envoler.
Ma vie allait-elle devenir
une vie de pertes
et de deuils au quotidien ?
Une partie de moi
voulait s'isoler,
hiberner ...

L'HIVER
La saison de la blancheur, du
calme,
du silence, du nid douillet,
du chemin intérieur.
C'est aussi la saison des
journées
très courtes, de la poudrerie et
des grands vents froids.
À l'hiver de ma maladie,
j'ai eu froid.
J'ai gelé intérieurement
et la noirceur s'est installée.
"Quel est le sens de tout
cela ?"
"Qu'est-ce que j'ai fait
de pas correct ?"
Du fond de ce qui
m'apparaissait
un grand trou noir,
j'ai posé des questions.
Amertume et déprime en
dedans.
J'étais prêt à marchander
avec la vie et avec le ciel
pour guérir et surtout pour
rester en vie
auprès de ceux que j'aime.
Tranquillement, jour après
jour,
"l'état de maladie" m'avait
englobé
et m'habitait.

Un beau matin où les rayons
du soleil
miroitaient sur la neige
blanche,
il m'est arrivé de me dire:
"Ce sera mieux demain."
L'espoir renaissait.

C'est ainsi que j'ai amorcé
le printemps de ma maladie.

LE PRINTEMPS
Saison de la renaissance,
temps d'une énergie nouvelle,
d'un air frais qui purifie.
La vie fourmille de partout
et nous entraîne avec elle.
au printemps de ma maladie,
J'ai réalisé la chance que j'avais
d'être encore en vie
et j'ai dit "Merci."

Comme la chenille,
j'ai accepté de vivre la transformation
et le changement mais de l'intérieur.
J'ai accepté de continuer,
de regarder en avant,
j'ai osé dire oui à ce qui est
et à ce qui vient
sans trop savoir ce qui vient.
J'ai accepté de "vivre ma maladie"
plutôt que de la subir
ou d'y survivre.
Cette graine de vie
est tout au fond de moi
et nourrie par un rayon de soleil divin.
Je la berce précieusement
et je lui souris à chaque matin.

Maintenant je sais
que chacune des saisons de ma
maladie
avait sa raison d'être.
Aujourd'hui j'en suis arrivé
à la cinquième saison,
celle du "je vis ma vie."