Descendants d'Hormidas Jutras

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jeudi 4 décembre 2008

L’esprit de corvée pour contrer la débâcle... par Florian

et rebâtir le Québec

Dans mon enfance, les corvées étaient coutume. Chaque saison apportait ses corvées : à l’automne le cochon à tuer, le lin à brayer, les tomates à mettre en conserve; en hiver le bois de chauffage à couper pour l’année, au printemps les sucres, les semailles, à l’été les foins et les récoltes.

Il y avait aussi les grandes corvées, les spéciales. La grange d’un de nos voisins prit feu en plein hiver. Avec des pompes de fortune les habitants du voisinage et même des paroisses environnantes se relayaient pour actionner cette pompe. Je garde l’image et même les tons de voix de ces hommes qui, tard dans la nuit avec fanal luttaient contre le monstre sans pouvoir le vaincre. Comme tout naturellement, sans compensation, la corvée a hébergé vaches et cochons sans logis pour le reste de l’hiver. Et au printemps une autre corvée qui a duré plus d’une semaine a rebâti les bâtiments. Sans grands discours, une corvée efficace tant de la droite que de la gauche.

Les corvées ont érigé des églises, monté les places publiques. Et mieux encore, elles ont cimenté. les ethnies, les villages, les groupes de pression, les corps de métier .

À plus d’une reprise les corvées ont sauvé l’humanité des pires catastrophes. Elles ont été la dynamique de toutes les civilisations précédentes.
De nos jours, l’esprit de la corvée survit aujourd’hui à Noël sous la forme de la guignolée, et dernièrement sous l’archet des artistes dans la multiplicité des « thons » télé ou radio qui s’efforcent de panser les plaies humaines.

La révolution industrielle, une toute autre dynamique
Dans les faits, les corvées ont été mises au rancart par la révolution industrielle qui les a remplacées par une toute autre dynamique, celle d’une compétition sans précédent, d’une lutte sans merci, d’un « au plus fort la poche » qui actionne une grande part des rouages humains et sociaux.

On ne fait plus rien gratuitement, pour l’autre parce qu’il est dans le besoin ou tout simplement par solidarité humaine. Chacun peut gagner le gros lot s’il est reconnu. Et on entre dans une lutte féroce qui doit proclamer un gagnant. La politique, un service public? . Service mon œil! La politique, un sport commandé par le même engrenage. Il faut gagner sinon on sera banni. Un lynchage sans âme. Dion malgré un sursis arraché le sait trop.

Sous l’impulsion de cette nouvelle dynamique l’humanité a fait des progrès extraordinaires. Le capitalisme, puissant moteur créé par la révolution industrielle a produit un développement sans précédent sur toutes les dimensions de la grille humaine, c’est indéniable

La qualité de la vie humaine, il faut le reconnaître, a fait pendant les 19e et 20 siècles un prodigieux bond en avant. Mais à quel coût? Des millions de morts avant terme, deux guerres mondiales, un ravalement de l’idéal humain, une dégénérescence des valeurs minées par l’appât du gain, une corruption de la fraternité par la domination du pouvoir.
Et aujourd’hui cette dynamique est à bout de souffle, rien ne va plus.


Rien ne va plus!¸
.L’économie de consommation s’ankylose d’obésité. Les biens péniblement amassés volent comme papier au vent. Le capitalisme souffre d’autophagie et s’emballe. C’est la panique. Les catastrophes politiques, économiques, écologiques et sociales voilent nos horizons. Tôt ou tard le Québec sera pris dans cette tourmente. Il nous faut faire de nouveaux jeux.

Nos politiciens sur la scène
Pour contrer ces catastrophes, et rebâtir ce pays qui se défait avant même d’avoir vu le jour il faudrait commander une double corvée. Celle qui a maintes fois lutté contre les catastrophes et celle qui a rebâti la grange.de mon voisin du rang St-Alexandre.

Au lieu de cela que font nos politiciens? Lancés dans la mêlée comme des guerriers sans armure, ils gesticulent et tâchent de rallier des troupes en affichant des médailles qu’ils auraient gagnées autrefois dans des luttes vaporeuses ou pis encore ils s’efforcent de discréditer les partenaires engagés dans le même combat. Ce qui compte ce n’est pas la réduction des méfaits de la catastrophe ou la pertinence des assises posées mais la place qu’on se gagnera à coup de coudes pour présider à la débâcle ou à la coupe du ruban d’inauguration d’une ère nouvelle.
La catastrophe c’est l’occasion d’accroître son pouvoir sans se soucier du pays qui demande à naître.

Se ressourcer à l’esprit de la corvée

Au lieu de la campagne électorale c’est une retraite fermée qu’il aurait fallu organiser pour tous les corvéables du Québec. Et ils auraient été nombreux à participer car à la base l’esprit de la corvée couve chaud et pétillant au cœur de la population comme tisons sous la cendre.

Au lieu de cacher les menaces incriminantes qui se profilent à nos horizons on les aurait mieux vues et on serait sûrement mieux disposés à y faire face.

Les actions de reconstruction jailliraient comme de source.
Il y a tellement de gens qui sont préoccupés du bien public, sensibles aux besoins réels, habiles à mettre en action des stratégies efficaces.

Au lieu de les engager de force dans des partis creux et vides d’espérance à tourner des stratégies fermées, ces gens du nouveau pays pourraient former des équipes mobiles efficaces dans la tâche de rebâtir un milieu de vie équitable et durable.

La grange rebâtie de notre voisin par la corvée était plus belle, plus solide et mieux aménagée que toutes les granges environnantes.

On en était fier car pour chacun c’était un peu sa grange. On est arrivé à ce consensus sans référendum, par la magie de la corvée.

Peut-être n’est-il pas trop tard car la présente campagne électorale comme la fédérale qui l’a précédée risque fort de n’avoir pas plus d’effets que ceux des coups d’épée dans l’eau.

Tout sera à reprendre. L’esprit de la corvée peut encore faire toute la différence.

Florian Jutras

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